Les mythes
Déesse universelle, tout comme Isis
avec laquelle elle va finir par se confondre à partir du Nouvel
Empire, Hathor est une représentante essentielle du divin au
féminin.
Fille de Rê et parfois aussi
son épouse, dans la cosmogonie héliopolitaine, mère symbolique du pharaon, la
déesse Hathor participe aux mythes du cycle solaire :
La Destruction des hommes :
Un texte sculpté dans plusieurs
tombes de la Vallée des Rois raconte que Rê,
devenu vieux, est en butte à un complot des hommes. Il dirige contre eux son
«Œil» qui prend la forme de la lionne Hathor pour massacrer les rebelles. Quand
Rê estime que la tuerie a assez
duré, il fait répandre un liquide enivrant, couleur de sang, sur le passage
de la déesse. Après s'y être regardée, Hathor goûte le liquide, s'enivre jusqu'à
sombrer dans l'inconscience et oublie la poursuite.
Le mythe de l'Œil de Rê :
L'Œil divin (oudjat, nom féminin signifiant "ce qui est complet") qui est une des formes de la déesse Hathor, pouvait se détacher et agir sur l'ordre de son maître mais parfois sans cette volonté ou même contre elle.
Ainsi, il fut un temps où le maître universel, privé de son œil, chargea Shou
et Tefnout d'aller le récupérer.
Ces derniers se firent si longs que Rê,
impatient, lui trouva un remplaçant. La colère de l'Œil fut telle que Rê,
pour l'apaiser, le mit à son front. Il devint l'Uræus, le cobra féminin au souffle
brûlant et dévastateur, symbole de la puissance et de la protection.
Le mythe de la Lointaine :
Lorsque
Rê gouvernait l'Égypte, son
Œil, dans un moment de colère, quitta le palais de son père et, sous la forme
de la déesse Hathor, se rendit en Nubie et prit l'aspect d'une lionne sanguinaire.
Rê chargea Shou et Thot
de la faire revenir en Égypte. Pour l'aborder, ceux-ci se transformèrent en
singes. Les arguments de Thot
apaisèrent la déesse et parvinrent à la convaincre de regagner l'Égypte. Dans
le but de la calmer définitivement, Thot
la précipita dans les eaux de la première Cataracte. Dès lors, elle s'affirma
sous les traits bienveillants d'une chatte, la déesse Bastet,
patronne de la famille et protectrice du foyer.
Les retrouvailles de Rê et de
Hathor eurent lieu à Philae où la partie orientale de l'île a été consacrée
au retour de la déesse lointaine en Égypte. C'est là que l'on trouvera les plus
beaux hymnes rédigés en son honneur.
On peut associer ce retour mythologique de la
Lointaine à celui de l'inondation du Nil qui marquait le début de la
nouvelle année et ramenait la joie et la prospérité dans le pays.
Le culte
Ne conservant plus que son caractère gracieux et souriant, elle vint s'établir
dans son sanctuaire principal de Denderah pour y constituer une triade avec
Horus d'Edfou et Ihy,
le joueur de tambourin.
Lors du mois égyptien d'Epiphi, à l'occasion de la fête de la "Bonne Réunion",
Hathor remontait le fleuve jusqu'à Edfou, au temple de son époux Horus,
afin de s'unir à lui, ce qui garantissait la fertilité du pays.
Et à l'occasion de la fête du "Siège de la Première Fête", celle du Nouvel
An qui coïncidait avec le retour de l'inondation dont les eaux venaient du Sud
où s'était réfugiée la Lointaine,
une étincelle divine réanimait l'idole de la déesse, rendant la présence d'Hathor
effective tout au cours de l'année.
Les différents aspects de la déesse
Son nom,
Hout-Hr signifie la "Demeure d'Horus", la déesse étant à l'origine la
mère d'Horus et une entité
céleste dont le corps est parcouru par le soleil, avalé le soir et enfanté le
matin. Elle va perdre progressivement ce caractère au profit de Nout.
La forme première de Hathor, la vache céleste ayant enfanté et allaité les dieux, nourrice de l'enfant royal, est rappelée dans sa coiffure caractéristique, un disque solaire encerclé par des cornes de vache.
Elle porte également une magnifique perruque, objet érotique par excellence.
Le collier ménat, lourd collier
à contrepoids dont l'agitation produisait un bruit de crécelle, et le sistre,
souvent tenu par son fils, le petit dieu Ihy,
sont les instruments de son culte.
Les chapiteaux dits "hathoriques" présents dans les temples dédiés à la déesse durant les dernières dynasties représentent un visage humain aux oreilles de vache vu de face. Ces quatre visages font peut-être référence aux quatre aspects essentiels de la déesse qui regroupe en sa personne les fonctions de nombreuses autres divinités féminines :
Hathor lionne : dans les déserts de la haute Nubie, c'est la
Lointaine, la déesse Dangereuse,
l'Œil de Rê, l'uræus, la déesse
sauvage et destructrice Sekhmet.
Hathor chatte : c'est aussi Bastet,
le pendant bienfaisant de la lionne, la protectrice du foyer.
Hathor cobra : c'est Ouadjet,
la belle jouvencelle, incarnation de la beauté et de la jeunesse, qui complète
le caractère de femme épanouie d'Hathor.
Hathor vache : déesse funéraire apportant le renouveau après la mort, protectrice du défunt à qui elle redonnera le désir sexuel afin qu'il la féconde et qu'elle le fasse renaître à la vie éternelle. Ainsi, la grande Dame de l'Occident dispensera sa bienveillante influence dans les nécropoles notamment dans la montagne thébaine où elle est omniprésente.
C'est peut-être à cause de son rôle de protectrice de ce qui se passe dans les entrailles de la terre qu'elle est devenue la patronne des grottes et Dame du Sinaï, maîtresse des pierres précieuses et de tous les minéraux extraits de la terre, veillant sur les expéditions de carriers qui s'y rendaient pour extraire la turquoise.
Elle est également rapprochée du nord et du milieu aquatique, matérialisé par des fourrés de papyrus.
C'est aussi la maîtresse des pays étrangers, dame de Byblos et de Pount.
À Memphis, elle est déesse du sycomore, l'arbre dont se nourrissent les défunts dans l'Au-delà.
De plus, sous son aspect principal de grande maîtresse de l'amour charnel, déesse de la joie, de la danse et de l'ivresse, identifiée à Aphrodite par les Grecs, elle participe à l'action du Démiurge, le don de l'éros provoquant l'attrait entre les êtres et assurant la continuité de la vie.
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